Lomé abrite l’atelier de validation des projets de textes du Cadre règlementaire,
La rencontre de ce 24 février 2022 ayant trait à la finance islamique a pour objectif de recueillir les observations des intervenants commerciaux et du grand public sur le projet de cadre règlementaire ; ensuite de finaliser, par la même occasion, les projets de textes règlementaires avec la prise en compte des observations résiduelles, avant leur présentation au Conseil des Ministres de l’UMOA. Fort en effet, du succès des émissions de SUKUK réalisées par les Etats membres de l’UMOA que sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et le Togo pour plus de 864 milliards de FCFA, le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) a entrepris de doter le marché financier régional de l’UMOA d’un cadre règlementaire spécifique dédié au marché de capitaux islamiques.
Il faut préciser ici que la finance islamique est une finance dont le mode de fonctionnement repose sur les principes de la charia. La justice, l’équité et la transparence sont les principales valeurs retenues par ce système de finance. La finance islamique diffère des autres par sa vision particulière du capital et du travail ; les pratiques économiques et financières en cours durant l’existence du prophète Mahomet lui servent en particulier de socle. Dans les faits, la finance islamique se caractérise par la prohibition de l’intérêt et par la responsabilité sociale de l’investissement. Sont ainsi interdites toutes les transactions ayant recours à l’intérêt ou à la spéculation. La finance islamique se dit être en accord avec le droit musulman.
Entamé en 2020, l’aboutissement de ce chantier majeur offrira sans doute de nouvelles opportunités pour l’instauration d’un cadre réglementaire dédié à ce type de financement alternatif, dans un contexte où les Etats et le secteur privé recherchent des financements de plus en plus importants, moins coûteux et répondant à des besoins spécifiques. « L’opportunité nous est donc offerte désormais de repositionner notre place financière et d’engranger des gains significatifs pour toutes les parties prenantes : bourse, dépositaire central, courtiers, conservateurs, gestionnaires d’actifs, agences de notation, apporteurs d’affaires, experts comptables et conseils financiers mais surtout les émetteurs et les investisseurs. Nous le pouvons. L’innovation est désormais au cœur des actions du Conseil Régional. Toutefois, bien que la nécessité de se hisser aux meilleurs standards internationaux n’est pas une option, faire prévaloir la spécificité de l’Union dans nos choix de développement est nécessaire. C’est pourquoi, dans le cadre de l’initiative ‘’ meilleure régulation ‘’ entreprise par le Conseil Régional depuis quelques années, le cadre réglementaire qui sera adopté aujourd’hui pour régir les marchés de capitaux islamiques de l’Union sera non seulement moderne mais aussi consensuel et compréhensible », a indiqué le secrétaire général du CREPMF monsieur Ripert BOSSOUKPE qui a ouvert les travaux.
Il y a lieu de montrer, l’évolution récente de la finance islamique dans le monde. Globalement, la finance islamique affiche une taille de 2 700 milliards de dollars en 2021 contre 2 440 milliards en 2020, soit une progression d’environ 10 %. S’agissant les enjeux, ils concernent le financement du développement et le renforcement de l’inclusion financière au sein de l’union.
Déjà à l’ouverture un canevas a été tracé par le CREPMF à savoir la prise en compte d’un aspect important :« L’aspect primordial que nous devrions garder à l’esprit pendant nos travaux, au regard du caractère laïque des pays de l’UMOA, concerne l’adoption d’une approche de neutralité pour l’implantation du cadre légal et réglementaire des marchés de capitaux islamiques, sans régime de faveur ni discrimination. En outre, au-delà des textes, il nous faudra disposer d’une stratégie et d’une feuille de route. C’est le lieu de se réjouir de la disponibilité du rapport de politique générale pour la promotion des produits financiers islamiques qui met en exergue l’opportunité de capitaliser sur l’existant tout en renforçant l’éducation financière des populations et en s’inspirant des succès observés dans d’autres juridictions », souligne encore le secrétaire général du Conseil régional de l’épargne publique des marchés financiers de l’UMOA qui avait à ses côtés le Directeur General de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières et du Dépositaire Central / Banque de Règlement (BRVM/DC-BR) Dr Edoh Kossi AMENOUNVE.
Si la population africaine compte environ 50 % de musulmans, l’UMOA n’est pas en reste et la population de certains Etats membres avoisinent le seuil de 90 %, a-t-il rappelé pour soutenir la finance islamique.
Les Autorités de l’Union nourrissent de grandes ambitions pour nouvel essor du marché financier régional au service du financement de nos économies et le CREPMF présidé par le togolais Monsieur Badanam PATOKI, s’engage à œuvrer de concert avec tous les acteurs, à l’avènement d’une place financière attractive et sécurisée au service de nos économies et de nos populations. Il convient de rappeler que cet atelier est placé sous le Haut parrainage de Monsieur Sani YAYA, Ministre de l’Economie et des Finances de la République Togolaise, Président du Conseil des Ministres de l’Union.