Sous l’impulsion du président français Emmanuel Macron, une trentaine de dirigeants africains et européens, parmi lesquels Faure Gnassingbé du Togo, se sont réunis en sommet mardi à Paris.
Ils ont tenté de fournir un peu d’oxygène financier au continent africain, qui subit de plein fouet le choc économique du Covid.
L’Afrique fait figure de continent relativement épargné sur le plan sanitaire, avec 130’000 morts du Covid-19, selon les chiffres officiels, sur un total mondial de près de 3,4 millions de morts.
Mais elle en sort financièrement exsangue, au moment où elle devrait justement investir massivement pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace djihadiste.
La réunion de Paris a été principalement consacrée au fardeau de la dette publique, mais aussi au soutien du secteur privé.
L’idée de ce « Sommet sur le financement des économies africaines » a germé à l’automne, quand le FMI a chiffré à 290 milliards de dollars les besoins de financement non couverts de l’Afrique d’ici 2023.
Certes, l’économie du continent, qui a connu sa première récession en un demi-siècle l’an passé à cause de la pandémie, devrait rebondir de 3,4% en 2021 et de 4% en 2022. Et un moratoire mis en place en avril 2020 a permis de donner un peu d’air aux pays africains les plus endettés. Mais cela ne suffira pas. Les dettes publiques explosent et en 2021, 39 millions d’Africains pourraient tomber dans l’extrême pauvreté, selon la Banque africaine de développement (BAD).
Pour aider les pays africains sans alourdir leur dette, une idée est de recourir aux droits de tirage spéciaux (DTS), en quelque sorte à la planche à billets du FMI. Ces DTS peuvent être convertis en devises par les pays et dépensés, sans créer de dette.
Si le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars est acquis, reste à savoir ce qui sera alloué aux pays africains. En effet, ces DTS sont répartis en fonction des quotes-parts de chaque pays au FMI: le plus gros va donc aux pays les plus riches. Sur le papier, l’Afrique ne bénéficierait que de 34 milliards de dollars.
D’où la discussion qui s’est déroulée mardi sur une réallocation par les pays développés de leurs précieux DTS aux pays les plus pauvres, en plus des débats sur une restructuration des dettes existantes. Sans compter les divers plans d’aide, bilatéraux ou multilatéraux, orchestrés par les organisations internationales, sous condition de réformes.
La charge de la dette, c’est-à-dire le remboursement des intérêts, qui paraît difficilement soutenable.
Les économies africaines ne peuvent pas se permettre, à l’instar des pays européens par exemple, de laisser filer leur dette pour financer des généreux plans de soutien à l’économie.
Lorsque l’Allemagne ou la France empruntent sur les marchés, cela ne leur coûte rien car les taux d’intérêt sont très faibles, alors que la prime de risque pour les États africains est beaucoup plus élevée.
Contrairement au début des années 2000, chaque pays a pris une trajectoire d’endettement différente, dépendant plus ou moins de la Chine, des bailleurs internationaux, des créanciers privés internationaux.