
En prélude à cette grande rencontre, le gotha financier et économique de l’UEMOA se retrouve à Lomé pour un atelier préparatoire de trois jours

Après la tenue en septembre 2023 à Abidjan de la Première édition du forum sur la finance et l’investissement durable dans l’UEMOA, (WASFIF), cap sur Dakar en passant par Lomé pour l’atelier préparatoire du West African Sustainable Finance and Investment Forum.
L’enjeu majeur c’est le développement du marché de capitaux durable, qui constitue une bonne option pour la croissance et la transformation structurelle de nos économies.

Il est indéniable ici de souligner que le financement des économies des États membres de l’Union par le canal du marché financier régional est une réalité tangible. En effet depuis son lancement en 1998, ce marché s’est imposé comme un important levier, avec une levée de ressources avoisinant les 24 300 milliards de FCFA, dont 71% par les États membres.

Le secteur privé, bien que moins présent, a levé plus de 1 068 milliards de FCFA, révélant ainsi un potentiel encore largement sous-exploité. Par ailleurs, les opérations sur titres de capital et les mécanismes d’épargne collective ont contribué au financement de projets structurants, pour un montant cumulé de près de 1 982 milliards de FCFA. Des avancées ont certes été enregistrées, mais les besoins de financement croissants liés aux infrastructures, à la transition énergétique et à la résilience face aux chocs mondiaux imposent de recourir à des instruments plus diversifiés et mieux adaptés. En cela, l’introduction d’instruments tels que les obligations vertes, sociales et durables est nécessaire pour capter l’épargne internationale. Dans cette dynamique, l’Autorité des Marchés Financiers de l’UMOA, (AMF-UMOA) a engagé plusieurs actions en faveur de la promotion de la finance durable dans notre espace communautaire.

À ce titre, elle a lancé un guide sur les obligations vertes, sociales et durables, élaboré une taxonomie régionale des projets durables et adopté une stratégie de développement du marché des capitaux durables de l’UMOA.
Il y a lieu de rappeler que le développement du marché de capitaux durable, constitue un enjeu majeur pour la croissance et la transformation structurelle de nos économies.

Selon Monsieur Badanam PATOKI Président de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF UMOA) dont le siège se trouve dans la capitale ivoirienne Abidjan, la rencontre a double objectif : « les présents ateliers sont destinés à accompagner de manière concrète les acteurs du marché et à assurer le succès du WASFIF 2025. En effet, les ateliers préparatoires visent deux objectifs principaux.
- Premièrement, accompagner les porteurs de projets dans la structuration d’offres solides, bancables et alignées sur les standards internationaux de durabilité. Il est prévu de leur fournir les outils, la méthodologie et les bonnes pratiques pour franchir l’étape décisive du financement.
- Deuxièmement, sensibiliser et former les investisseurs institutionnels. Dans notre Union, les caisses de retraite, les compagnies d’assurances et les autres gestionnaires d’actifs disposent de ressources importantes. Toutefois, l’intégration des critères ESG dans leurs décisions d’investissement reste encore limitée. Les présents ateliers doivent contribuer à lever les barrières de compréhension de cette nécessité.
Au cours de ces trois journées, plusieurs thématiques seront abordées. Il sera passé en revue les obligations vertes, sociales et durables, couvrant aussi bien leur structuration que leurs exigences de certification et de reporting. Ce sera également l’occasion de revisiter le cadre réglementaire de l’UMOA, afin que chacun maîtrise les bonnes pratiques prévues. En outre, un accent sera mis sur le partage d’expériences. A ce titre, des promoteurs de projets qui ont déjà mobilisé des financements à travers les instruments de finance durable sur notre marché viendront témoigner de leurs parcours, des difficultés rencontrées et des approches de solutions identifiées ».

Le développement du marché de capitaux durable, constitue un enjeu majeur pour la croissance et la transformation structurelle de nos économies. A ce titre, le Gouvernement togolais salue l’organisation de ce forum qui contribue à la promotion de ce marché. C’est donc à juste titre que le représentant du ministre de l’économie et des finances Monsieur Essowè Georges BARCOLA à cette rencontre, Monsieur Moyeme BANIAB, Conseiller financier, s’est appesanti sur l’importance même de mobiliser pour satisfaire les besoins essentiels des populations : « Les travaux qui s’ouvrent aujourd’hui portent sur une question centrale, au cœur des priorités de nos États : Comment mobiliser durablement des ressources financières pour répondre à nos immenses besoins de développement ? En effet, à l’instar des autres pays, en particulier les pays en développement, nous sommes confrontés à des besoins de financement de plus en plus importants. Nos États doivent moderniser leurs infrastructures, garantir la sécurité alimentaire, bâtir des systèmes de santé et d’éducation plus inclusifs, répondre au défi climatique et offrir des perspectives à une jeunesse nombreuse et exigeante. Outres les besoins de financement en forte croissance, nos pays sont confrontés à la montée de l’extrémisme violent et du terrorisme qui nous imposent des contraintes budgétaires additionnelles, ainsi qu’une réponse coordonnée et concertée. Dans le même temps, les financements extérieurs, en particulier les prêts concessionnels déclinent et la soutenabilité de la dette impose une vigilance accrue ».

Tout en saluant l’initiative de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF UMOA), le Conseiller du ministre de l’économie et des finances a relevé le sérieux qui doit caractériser l’atelier préparatoire de Lomé dont dépendra des résultats tangibles du prochain forum de Dakar qui se déroulera les 30 et 31 octobre.« L’innovation financière n’est plus une option, mais une nécessité. A ce titre, la finance durable se présente comme une réponse adaptée, permettant d’allier rendement économique et impact positif sur l’environnement. Je salue donc les efforts de l’AMF-UMOA qui, dès 2020, a ouvert la voie en publiant un guide pour l’émission d’obligations vertes, sociales et durables. Ce texte fondateur a permis au secteur privé de mobiliser plus de 275 milliards FCFA en faveur de projets à fort impact. L’adoption en mars 2024 de la Taxonomie des projets verts, sociaux et durables de l’UEMOA, marque une étape majeure dans le développement de ce marché. Elle offre à notre sous région, un référentiel propre, aligné sur nos priorités nationales et renforce l’appropriation des standards internationaux par les Etats membres de notre union. A cet égard, l’organisation en septembre 2023 de la première édition du Forum sur la finance et l’investissement durable dans l’UEMOA, WASFIF a constitué un jalon essentiel dans cette dynamique collective ».

Pour rappel, à ce jour, aucun État membre de l’Union n’a encore eu recours aux instruments de finance durable pour lever de la dette souveraine sur le marché régional. Ce paradoxe nous interpelle à plus d’un titre. Le Togo tout de même entend mettre le cap sur cette option en ayant même déjà arrimés plusieurs projets dessus a-t-il souligné : « Le Togo sous le leadership éclairé de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président du Conseil, est pleinement engagé dans cette dynamique. Nous avons déjà initié plusieurs projets alignés sur les critères de durabilité, notamment dans l’énergie renouvelable, l’agriculture résiliente et les infrastructures durables. Nous travaillons à intégrer davantage la finance verte dans notre stratégie nationale de développement et à mobiliser les instruments de marché comme leviers complémentaires de nos politiques publiques ».

La Banque Mondiale qui accompagne également le développement du marché, particulièrement sur le volet de la finance durable était présente à cette rencontre préparatoire, tout comme d’autres partenaires techniques et financiers salués vivement à l’ouverture de l’atelier préparatoire de Lomé.

En somme, le Forum sur la finance et l’investissement durable dans l’UEMOA constitue un cadre essentiel pour promouvoir le développement du marché de capitaux durable dans la région. Les discussions et les échanges lors de cet atelier préparatoire à Lomé contribueront certainement à l’atteinte des objectifs fixés pour le prochain forum de Dakar. Le Togo, à travers son engagement pour la finance durable, montre l’exemple d’une économie en développement qui cherche à intégrer les critères de durabilité dans ses projets et politiques publiques.
