
Le thème de l’édition d’avril 2025, « Une reprise interrompue », n’est pas fortuit

Ce thème met la lumière les récents progrès économiques remarquables observés, mais qui malheureusement se retrouvent menacés par un paysage mondial en pleine mutation, notamment l’incertitude qui accompagne l’accentuation actuelle des tensions commerciales ou encore le durcissement des conditions financières mondiales dans les pays avancés. Comme il est de coutume, après chaque assemblée du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale, du printemps ou d’automne, un timing est consacré pour le partage d’informations et de dissémination des conclusions du rapport final à l’endroit de certaines couches sociales afin qu’elles appréhendent mieux l’état de l’économie de l’Afrique subsaharienne d’une part et mondiale d’autre part.
Il est révélé que certains facteurs, auxquels s’ajoutent les effets des récents chocs, sont de nature à peser sur la confiance des investisseurs et sur l’activité économique dans la région.

Dans sa déclaration liminaire à l’ouverture de ce séminaire, monsieur Stéphane Kpowbie Tchasso AKAYA, Secrétaire Général, représentant du ministre de l’économie et des finances, a fait remarquer que : « la croissance de la région est passée de 3,6 % en 2023 à 4 % en 2024 et le taux médian d’endettement de la région est maintenu en dessous de 60 % du PIB en 2024. Aussi, le durcissement des politiques monétaires a t-il permis à la région de contrôler l’augmentation du niveau général des prix au bénéfice surtout des populations les plus vulnérables. Il en résulte une inflation globale médiane qui a chuté à 4,5 % au début de 2025, contre 6 % observé l’année antérieure.
Malgré cette reprise économique de la région, l’évolution de sa trajectoire devrait subir un ralentissement cette année au regard des perspectives peu favorables dues à un brusque changement des priorités dans le monde. La croissance de la région devrait ralentir pour s’établir à 3,8 % en 2025 et à 4,2 % en 2026, en baisse par rapport aux projections d’octobre 2024. Ce ralentissement est dû en grande partie à l’instabilité de la situation dans le monde, qui se traduit par une baisse de la demande extérieure et des prix des produits de base, et par un durcissement des conditions financières ».

Tout en soulignant que cette situation fait croitre l’incertitude dans une région déjà vulnérable, où la pénurie de financements se poursuit. Monsieur AKAYA a relevé que : « Malgré une amélioration de l’accès aux marchés en 2024, les États de la région font face à un service de la dette et à des coûts d’emprunt élevés, ainsi qu’à des risques de refinancement, dans un contexte de mobilisation des recettes publiques nationales faibles. L’on notera qu’en 2024, les paiements d’intérêts ont représenté 12% des recettes publiques (hors dons) pour le pays médian d’Afrique subsaharienne, soit plus du double du niveau d’il y a dix ans. La raréfaction des sources de financement traditionnelles, notamment l’aide publique au développement, est exacerbée cette année par la réduction de l’aide des États-Unis ».
S’exprimant particulièrement sur le cas régional, l’orateur a indiqué tout d’abord que globalement les reformes doivent se poursuivirent en Afrique sub-saharienne avant de tracer la trajectoire à suivre d’après les conclusions du rapport qui se résume en trois points : « Bien que nous appelions à des actions de solidarité des partenaires au développement, nous devons tous relever le défi principal qui est celui de poursuivre la mise en œuvre des réformes nécessaires au développement de la région. Dans cette logique, les pays de la région doivent aussi faire des efforts pour s’adapter aux difficultés dans ce contexte de contraintes de financement et de chocs successifs souvent imprévisibles.

Au regard du contexte actuel, marqué par des contraintes de financement et un climat d’incertitude, les conclusions du présent rapport recommandent au pays de la région trois actions prioritaires pour régler avec précision les politiques économiques. Il s’agit principalement de :
- réduire les vulnérabilités macroéconomiques tout en répondant aux besoins en matière de développement, et s’assurer de l’acceptabilité sociale et politique des réformes ;
- ajuster les politiques économiques en fonction de l’ampleur des déséquilibres macroéconomiques, en tenant compte des contraintes de l’économie ;
- mobiliser davantage de ressources nationales et améliorer l’efficience des dépenses publiques afin de limiter le recours au financement extérieur.

En plus de ces recommandations, le rapport plaide également pour un accès des pays de la région aux marchés internationaux prévisibles pour leurs biens et services marchands ».
Notre pays le Togo se retrouve bien évidemment dans cette démarche souligne monsieur AKAYA : « Le Gouvernement togolais sous l’impulsion du Président du Conseil, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE s’inscrit totalement dans la démarche des conclusions et recommandations de ce rapport qui sont alignées sur ses orientations stratégiques. En effet, pour faire face aux contraintes de financement, le gouvernement, sous le leadership éclairé du Président du Conseil, son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, a adopté une stratégie visant à ramener le déficit budgétaire à 3 % à partir de 2026, au regard des défis sécuritaires que nous subissons, en vue de réduire les vulnérabilités liées à l’endettement. Ceci passera par une mobilisation accrue des recettes et un contrôle des dépenses courantes non prioritaires, tout en conservant un niveau adéquat d’investissement pour préserver la croissance. Des mesures sécuritaires fortes sont donc prises pour lutter efficacement contre les attaques terroristes dans le nord Togo. Avec des mesures additionnelles prises dans la Loi de Finance 2025 pour accroître les recettes fiscales d’au moins 0,5 % du PIB, le gouvernement garde l’espoir de ramener ce déficit à 4% du PIB en 2025 ».

Il y a lieu de rappeler que le FMI est en programme avec le Togo. D’ailleurs, un accord au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) a été conclu avec cette institution en 2024 sur les politiques économiques et les réformes à soutenir. La deuxième revue de ce programme s’est déroulée à Lomé du 17 au 28 mars 2025 et la prochaine réunion du Conseil d’Administration du FMI, prévue à fin juin 2025, devra confirmer les efforts du gouvernement dans la mise en œuvre du programme.
Les efforts consentis par le Gouvernement jusqu’ici ont permis au pays d’enregistrer une augmentation des recettes bien au-delà des prévisions. Cette hausse des recettes, combinée à une maitrise des dépenses a permis de ramener le déficit budgétaire de 6,3 % en 2023 à 5,6 % en 2024. Ce déficit reste élevé par rapport à la norme communautaire en raison des dépenses prioritaires effectuées pour soutenir nos populations face aux chocs climatiques et aux défis sécuritaires. Le Togo sous la haute impulsion du Président du Conseil, son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE ne ménage aucun effort pour garantir aux populations la paix, car sans la paix aucun développement n’est possible. Je ne saurais terminer mes propos sans remercier le Fonds Monétaire International et l’équipe de rédaction du rapport pour les pertinentes conclusions auxquelles ils sont parvenus, ainsi que pour les approches de solutions qui sont proposées pour corriger les insuffisances constatées.

Le représentant-résident du FMI au Togo monsieur Maximilien KAFO confirme le résultat positif obtenu par l’économie togolaise et salue l’ensemble des reformes «le gouvernement a adopté une excellente stratégie visant à renforcer le dispositif de sécurité sociale ; mais surtout la préparation d’une stratégie novatrice de mobilisation des recettes pour 2025–26 ». Il a pour terminer donner quelques orientations importantes :
De nombreux pays ont entamé un assouplissement de leur politique monétaire.

Il est désormais impératif de s’adapter rapidement aux chocs :
- Pays à forte inflation : maintenir une politique monétaire restrictive et ancrer les attentes, avec l’appui de la politique budgétaire si nécessaire.
- Pays à faible inflation : envisager un assouplissement de la politique monétaire pour soutenir la croissance mais de manière prudente. Le Gouvernement Togolais compte toujours sur les institutions financières nationales, régionales et internationales pour l’accompagnement multiforme qu’elles ne cessent de lui apporter dans ses efforts de développement.
