Regain de croissance économique de 80 points de base à 6,6% en 2023,
Les sujets débattus au cours de cette réunion portent sur : l’évolution de la situation économique, monétaire et du système bancaire et financier au 31 décembre 2022 ; les facteurs de blocage du financement du secteur de l’habitat ; et le projet de rapport 2022 du CNC, destiné au Comité de Politique Monétaire de la BCEAO. Kossi Tenou, le directeur national de la Banque centrale, participait à la réunion aux cotés de Monsieur PRE Simfeitcheou.
Au nom du Président statutaire du Conseil National de Crédit, empêché, le Ministre PRE Simfeitcheou Conseiller auprès de SEM le Président de la République qui a présidé les travaux de cette première réunion du CNC pour l’année 2023 a fait quelques commentaires, sur l’environnement macro-financier, dans le contexte de persistance des tensions inflationnistes et de poursuite du conflit russo‑ukrainien.
Il relève ainsi que sur la situation économique. « Les informations disponibles indiquent que l’activité économique mondiale devrait ralentir en 2023, en liaison avec ‘’ les effets négatifs du conflit russo‑ukrainien ; la poursuite de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement ; et le durcissement des conditions financières. Au niveau national, les projections laissent apparaître une résilience de l’activité économique, avec un regain de croissance économique de 80 points de base à 6,6% en 2023, après 5,8% en 2022 et 6% en 2021. Tous les secteurs contribueront à cette croissance économique, en particulier le secteur tertiaire dont la contribution est attendue à 4%. Quant au taux d’inflation, il devrait amorcer une baisse pour se situer en moyenne à 6,8% à fin décembre 2023, contre 7,6% en 2022 et 4,5% en 2021. Au titre des finances publiques, comme vous le savez, le budget de l’Etat est légèrement en hausse. En effet, la loi des finances 2023 a arrêté un budget de 1.958 milliards, contre 1.876 milliards dans le budget 2022 remanié. Dans le cadre de l’exécution du budget 2023, il est prévu 575 milliards des ressources à tirer des emprunts obligataires. C’est pourquoi, je voudrais, d’ores et déjà, demander au Président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Togo (APBEF-Togo), qui est présente parmi nous, d’exhorter les banques à soutenir davantage le Trésor public dans la mobilisation des ressources sur le marché régional des titres publics.
Le CNC est un observatoire des évolutions économiques du Togo qui se réunit quatre fois par an. Il rassemble les représentants du secteur bancaire et de la micro finance, ceux du ministère de l’Economie et des Finances, de la BCEAO, du patronat, de la Chambre du commerce et des associations de consommateurs, notamment.
Le financement de l’économie est caractérisé par plusieurs évolutions. On note un accroissement soutenu du volume de crédit octroyé aux opérateurs économiques, ce qui est une bonne chose. Autre bonne nouvelle, on observe une baisse des taux d’intérêts débiteurs de 20 points de base, en glissement annuel, à 7,4% en 2022.
Enfin, l’assainissement du portefeuille de crédit des banques et des systèmes financiers décentralisés se poursuit.
Quant aux institutions de microfinance, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit est de 4% à fin décembre 2022, contre 5% en 2021 pour une norme de 3%. « Au regard de ces évolutions, je voudrais féliciter, encore une fois, tous les acteurs, en particulier les premiers responsables des banques et des systèmes financiers décentralisés. Je les encourage à maintenir cet élan pour accompagner les opérateurs économiques dans ce contexte particulier marqué par les besoins importants de financement des entreprises et de l’Etat. J’exhorte particulièrement les banques et les systèmes financiers décentralisés à développer des produits innovants visant à mobiliser sur le marché ou directement auprès de la clientèle l’épargne disponible pour accroître les concours à l’économie ».
Le troisième commentaire que je souhaite aborder est relatif au renchérissement des coûts des opérations de transfert. Comme vous le savez, les opérateurs économiques constituent un maillon central de l’économie et donc de l’activité du système bancaire. Le rôle des banques est entre autres de faciliter et de fluidifier les transactions liées à leurs opérations, surtout celles avec l’étranger. Lors de son intervention, Simfeitcheou Pre a évoqué certaines pratiques des banques concernant les coûts des opérations de transfert à l’étranger.
‘Il m’a été rapporté que certains opérateurs économiques éprouvent des difficultés, dans le cadre du règlement de leurs fournisseurs étrangers, notamment européens, en raison du renchérissement des coûts des opérations de transfert. Le Directeur National de la BCEAO m’a, toutefois, rassuré qu’il a organisé le 10 février dernier une réunion avec les Directeurs Généraux des établissements de crédit pour clarifier les dispositions réglementaires en matière de conditions de banque sur les opérations de transfert hors UEMOA. Je voudrais, à mon tour, demander à la présidente de l’APBEF-Togo d’inviter les établissements de crédit à prendre des mesures idoines pour se conformer aux dispositions réglementaires relatives aux conditions de banque sur les opérations de transfert hors UEMOA.’, a-t-il déclaré.
Cette rencontre était une occasion pour rassurer les populations sur la situation bancaire mondiale et selon le ministre PRE : « A travers la faillite de certaines banques aux Etats-Unis, on peut déduire que les institutions financières, qui ne prennent pas suffisamment de dispositions pour respecter les normes des indicateurs de solidité financière, peuvent se retrouver dans des situations similaires et faire faillite. Conscient de l’importance du rôle que les établissements de crédit jouent dans notre économie, je voudrais demander au Directeur National de la BCEAO d’exhorter les établissements de crédit à prendre des mesures idoines pour améliorer davantage leur situation prudentielle, afin de rendre leur établissement plus solide et plus résilient, gage de la stabilité du système financier ».
Pour terminer, l’orateur reste optimiste pour l’année 2023 et prodigue des conseils utiles aux banques et établissements de crédits au nom du Président statutaire de ce conseil national de crédit Monsieur Sani YAYA : « je souhaite que les banques et les systèmes financiers décentralisés puissent relever en 2023 les défis ci-après : l’accroissement des financements aux micros, petites et moyennes entreprises à des coûts abordables ; l’augmentation du financement des secteurs de l’agriculture et de l’habitat ; le renforcement de la digitalisation des services financiers ; et l’amélioration continue de la qualité des services financiers. S’agissant particulièrement de la qualité des services financiers, je voudrais vous rassurer que toutes les dispositions sont prises pour l’opérationnalisation, avant la fin de l’année 2023, de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers du Togo (OQSF-Togo) ».